Jean-Philippe Astolfi
Photographies
Note d'intention
"Place de l'artiste dans la société"
Que peut apporter un artiste à la communauté ?
"Le premier qui, en dehors de ses attractions physiques et de ses besoins matériels, sut apercevoir dans la nature un objet agréable, intéressant, singulier, magnifique ou terrible ; qui s’y attacha, s’en fit un amusement, une parure, un souvenir ; qui, communiquant à son hôte, à son frère, à sa maitresse, son admiration, leur en fit agréer l’objet comme témoignage précieux d’estime, d’amitié ou d’amour,
celui-là fut le premier artiste."
Pierre Joseph Proudhon - Du principe de l’art et de sa destination sociale
Il est intéressant de se poser la question d’une approche utilitariste de l’art et de la nécessaire médiation qu’elle suppose, n’est-elle pas en contradiction avec une certaine idéalisation de ce qu’est l’art et de ce qu’est être un artiste dans l’esprit de nombreuses personnes ?
Cette question, du rôle de l’artiste et des possibles interfaces qu’il peut assurer pour démystifier l’art, le réinscrire dans un processus de connaissance est au cœur de ma production artistique.
Produire une œuvre ce n’est pas seulement pour moi, mener une démarche personnelle, élaborer une manière d’appréhender le monde qui se concrétiserait dans un objet, mais c’est confronter ce travail à la réalité d’une époque et de ses attentes.
Je réalise des photographies qui ne sont pas à voir comme point d’aboutissement d’un travail de recherche et de création mais comme étape dans un processus beaucoup plus vaste, elles sont à ce titre présentées aux public sous la forme de projection débat dont l’objectif est de rendre visible leurs conditions d’apparition.
L’idée de transversalité et de réflexivité n’est pas nouvelle pour moi, j’ai eu l’occasion d’animer dans le cadre d’activités associatives des ateliers réunissant artistes, scientifiques et membres de la société civile. Cette expérience m’a fait comprendre l’importance de la médiation, qui en rendant accessible et compréhensible ce qui par nature ne l’est pas, peut contribuer à faire tomber les cloisonnements entre disciplines, entre cultures, entre milieux sociaux, …
A cette fin, les sujets et la manière de les traiter sont en grande partie orientés pour servir de matière à un prolongement dialectique. La notion de frontières par exemple, ses différentes déclinaisons (culturelle, physique, administrative) et le basculement qui s’y opère peut-être source à aborder de nombreuses thématiques. Cette notion déborde largement le contexte de la géographie et permet également de traiter le sujet des limites d’une manière plus générale (entre vivant et inerte, entre animal et humain, entre sacré et profane…)
Enfin, le choix de la photographie, comme médium surutilisé mais souvent mal exploité, c’est imposé à moi en ce qu’il conserve sa part de trivialité et permet ainsi au plus grand nombre de faire l’expérience du processus créatif et ses retombées cognitives.